« Nous vivons plus longtemps, mais vivons-nous bien ? ». C’est la question que se pose Gaël Chételat, coordinatrice du projet Silver Santé Study mené à l’Inserm de Caen. Une question d’actualité, car d’ici 2047, le nombre de séniors devrait doubler. C’est pourquoi, la notion du « bien vieillir » est à la fois un défi et une des préoccupations les plus importantes pour les acteurs politiques et les professionnels de la santé et de l’anti-âge.
Pour répondre, la science se tourne de plus en plus vers des techniques autrefois controversées, mais qui ont su faire leurs preuves. C’est le cas pour la méditation qui intéresse de très près les neurosciences car elle offre des résultats prometteurs.
Ainsi, la méditation « pleine conscience » serait même l’une des clés qui permettrait de repousser le plus tardivement possible les effets liés au vieillissement. Entrainer son esprit à focaliser son attention sur l’instant présent et prendre conscience de ce qui se passe dans notre corps limiterait ainsi le développement de troubles cognitifs, psychologiques et éviterait même le développement de démences.
La méditation influe sur le vieillissement
Régulièrement, des recherches mettent en évidence les bénéfices qu’apporte la médiation sur la santé humaine. Comme cette étude californienne, menée en 2015 par Eileen Luders chez 100 personnes âgées de 24 à 77 ans. Les résultats prouvent que la pratique de la méditation augmente le volume de certaines structures cérébrales. Par ailleurs, elle aurait également des effets sur certaines zones cérébrales comme l’hippocampe, impliqué dans la mémorisation.
Or, on sait maintenant depuis longtemps, que le volume cérébral et son métabolisme du glucose (énergie tirée du sucre par le cerveau) diminuent avec l’âge et entraînent le déclin des fonctions cognitives. Mais, depuis plusieurs années, de nombreux scientifiques s’accordent à dire que la méditation pourrait inverser la courbe du vieillissement cérébral, une vraie technique anti-âge.
En outre, elle permettrait également de réduire le stress et les troubles du sommeil, facteurs de risque dans la maladie d’Alzheimer.
Selon Antoine Lutz, chercheur en neurosciences à l’Université de Lyon I : « on sait aujourd’hui que le stress est particulièrement néfaste pour l’hippocampe, une zone du cerveau essentielle à la mémoire, et que les troubles du sommeil provoquent des modifications cérébrales pouvant déboucher sur la maladie d’Alzheimer. »
Silver Santé Study, ou comment la méditation permet de rester jeune plus longtemps
Cette étude vient de donner des résultats encourageants. « En étudiant le cerveau de personnes qui pratiquaient la méditation depuis de nombreuses années, avec 15 000 à 30 000 heures de méditation à leur actif, on a pu observer que leur cerveau était préservé du vieillissement » explique Gaël Chételat.
Le projet Silver Santé Study, qui a débuté en 2017, est un vaste consortium européen qui a pour but d’étudier l’impact de la pratique de la méditation sur le vieillissement et le bien-être. Grâce à l’imagerie cérébrale et des marqueurs biologiques et comportementaux, ce projet vise plus particulièrement l’étude de la plasticité que peut induire l’entraînement à la méditation dite « pleine conscience ».
Il rassemble 140 personnes avec une moyenne d’âge de 65 ans et qui seront suivies pendant 18 mois. Elles sont réparties en 3 groupes :
- Un groupe suivra un programme de méditation adapté aux personnes âgées
- Un groupe suivra l’enseignement de l’anglais (l’apprentissage d’une langue étant un facteur protecteur du vieillissement)
- Un groupe témoin
Au début et à la fin de cette période, les participants seront soumis à des évaluations comportementales, des examens de neuro-imagerie (IRM et TEP/PET scan) et à des analyses sanguines. Le but est de repérer d’éventuels changements physiologiques impliqués dans le vieillissement.
Résultats : les chercheurs sont « sur la bonne voie »
« Des résultats encourageants » selon Antoine Lutz. En effet, ils montrent que le cortex frontal et cingulaire, ainsi que l’insula des méditants, sont plus volumineux et avec un métabolisme plus élevé que celui du groupe témoin. « Or, ce sont précisément ces régions qui déclinent avec l’âge » explique Gaël Chételat.
Le cortex cingulaire joue par exemple un rôle très important dans les processus de mémorisation, et c’est le premier touché dans la maladie d’Alzheimer. Par ailleurs, le volume des structures cérébrales indique de meilleures performances cognitives. « Le fait qu’elles soient plus volumineuses et qu’elles fonctionnent mieux laisse supposer une meilleure préservation des fonctions cognitives avec l’âge, comme les capacités d’attention et de mémoire ».
En revanche, les résultats ne montrent pas d’effets flagrants sur le volume général de l’hippocampe (impliqué dans la mémoire), mais, la corne d’Ammon « la plus sensible à la maladie d’Alzheimer » est préservée.
Les premiers résultats de cette étude, qui doit se terminer fin 2019, concluent donc déjà à un effet positif de la méditation « pleine conscience » sur le vieillissement. Pour Gaël Chételat : « la méditation à long terme pourrait préserver le cerveau des effets de l’âge, procurer une réserve cérébrale qui permettrait de reculer notamment le commencement de la maladie d’Alzheimer » Gaël Chételat.
L’avis d’Anti-âge Intégral
Une étude de plus qui montre les bienfaits des techniques de méditation sur le cerveau et la conservation des facultés cognitives malgré l’âge qui avance. Des précédentes recherches ont également montré l’intérêt de la méditation pour conserver d’autres fonctions malgré le vieillissement.
La méditation est largement utilisée en Ayurveda, autant pour rétablir la santé que pour améliorer la longévité, et depuis très longtemps. Comme à l’accoutumé, la science d’aujourd’hui en confirme et en quantifie les effets : améliorations du sommeil, de l’humeur, de la production hormonale, de la digestion, de la réparation tissulaire, de l’immunité, de la longévité…
Le consensus est clair : il n’y a plus qu’à la mettre en pratique dans sa vie.
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