Dans les troubles hormonaux et la baisse de forme de l’homme mûr, on pense surtout au manque de testostérone. En fait, l’augmentation des oestrogènes qui peut l’accompagner est souvent plus ennuyeuse, notamment pour sa prostate…
La production de testostérone est liée à l’âge, et commence à baisser chez l’homme dès la trentaine. Elle se retrouve souvent à un niveau critique vers la cinquantaine, et lorsque cela entraîne certains troubles de santé, on parle d’andropause.
Le tableau des symptômes classiques liés à l’andropause est :
– perte de libido et d’érections
– prise de ventre
– fatigue, perte de dynamisme
– dégradation musculaire
– mauvaise humeur
– sueurs nocturnes
– tendance dépressive…
Ce dont on parle moins est l’augmentation des taux d’oestrogènes (hormones féminines) qui est souvent liée.
D’où viennent les oestrogènes chez l’homme ?
Chez l’homme, comme chez la femme, les oestrogènes sont fabriqués à partir de la testostérone, sous l’action d’enzymes appelées aromatases. Normalement, l’homme a un fort taux de testostérone dans le sang et un faible taux d’oestrogènes. Chez la femme, c’est l’inverse.
Il a été démontré que les oestrogènes avaient un effet direct sur la santé de la prostate et pouvaient favoriser sa cancérisation. En fait, hypertrophie et cancer de la prostate font partie des conséquences de ce déséquilibre hormonal où le taux d’oestrogènes (hormones plus « fémininisantes ») augmente, au détriment du taux de testostérone (hormone plus « mâle ») qui baisse.
Les œstrogènes en excès entraînent aussi, chez l’homme, des troubles tels que gynécomastie (prise de poitrine), troubles de l’humeur (de type tendance dépressive), perte de libido, infertilité… De plus, ils diminuent la biodisponibilité de la testostérone sanguine en faisant augmenter la protéine qui transporte à la fois oestrogènes et testostérone dans le sang : la SHBG. En effet, la proportion de testostérone libre dans le sang (non liée à cette protéine SHBG) qui est la forme active de la testostérone, va donc diminuer. La balance va encore plus pencher du côté des hormones féminines. C’est un cercle vicieux.
A cela, il faut ajouter aujourd’hui, l’effet oestrogénique de nombreux perturbateurs hormonaux (voir cet article) qui sont un grave problème dans nos sociétés modernes :
- pesticides,
- certains médicaments (parmi des anti-ulcéreux, antidépresseurs, antibiotiques…),
- polluants, plastiques,bisphénols, hydrocarbures…
- hormones données aux animaux d’élevage…
Ces substances ont des effets semblables à ceux des oestrogènes (en particulier : augmentation du risque de cancers hormono-dépendants, infertilité et autres dérèglements hormonaux).
Enfin, notons que le tissu graisseux fabrique des hormones oestrogéniques et qu’ainsi, l’excès de poids contribue à cette présence excessive d’oestrogènes qui peut apparaître chez l’homme.
Comment lutter contre trop d’oestrogènes chez l’homme
– se muscler et maigrir grâce à l’exercice physique :
en diminuant la graisse du corps on réduit la production d’oestrogènes ; en se musclant, on augmente la production de testostérone
– éviter les polluants et perturbateurs hormonaux
(alimentation, conservateurs, viandes d’animaux d’élevage, aliments conservés dans du plastique, pesticides, sprays chimiques, médicaments (certains antiacides, certains anxiolytiques, certains antifongiques…), etc… voici quelques conseils ici >
– équilibrer le terrain hormonal global en améliorant le taux de testostérone mais en prenant en compte les autres hormones telles que DHEA, prégnénolone, progestérone parfois (qui contrebalance l’effet oestrogénique), etc…
– conserver la testostérone fabriquée naturellement par le corps en inhibant l’enzyme 5alpha réductase : celle-ci transforme la testostérone en DHT (dihydrotestostérone). La DHT est responsable de perte de cheveux et d’hypertrophie prostatique, etc… Voici quelques plantes ayant démontré leur effet sur la 5-alpha-réductase : palmier nain, ortie, graines de lin, graines de citrouille, avoine. De même, le zinc est souvent utile ici, et ses carences sont assez fréquentes. Son dosage dans le sang est facile à faire avec un médecin.
– maintenir les taux de testostérone en réduisant l’activité des aromatases qui transforment la testostérone en oestrogènes :
- éviter l’alcool qui augmente l’action des aromatases (notez aussi que le houblon de la bière favorise la production d’oestrogènes, et que les gros buveurs de bière prennent souvent de la poitrine),
- manger des crucifères,
- prendre des produits à base d’ortie, qui est un remède traditionnel de renforcement de la virilité et ralentissant les pertes de cheveux,
- prendre de la passiflore associée au poivre, comme l’ont montré les études, etc…
Les conseils d’Anti-âge Intégral :
Essayez de respecter les règles précédentes qui améliorent le terrain hormonal. Ensuite, vous trouverez des produits contre l’excès d’estrogène, ou bien renforçant les niveaux actifs de testostérone en douceur :
– l’ortie (elle a aussi un effet contre la chute des cheveux et notamment les cheveux gras)
– le tribulus (stimulant classique des effets de la testostérone, favorise la prise de muscle chez le sportif) et le ginseng (qui est aussi un stimulant général de l’immunité et un anti-fatigue classique)
– la maca (stimulant classique des effets de la testostérone et de la libido) et ashwaganda (le ginseng ayurvédique, également tonique général, adaptogène, et favorisant le sommeil).
En conclusion
La baisse de testostérone est bien connue, surtout vers la cinquantaine, avec son lot de petites misères que l’on classe dans l’andropause. Cependant, il faut bien comprendre que l’augmentation des oestrogènes chez l’homme vieillissant existe, et peut être également combattue.
Il faudra se méfier des mauvaises règles d’hygiène de vie, en particulier : expositions aux perturbateurs hormonaux (pollution, alimentation…) et l’excès de poids, d’alcool ou de tabac.
Là encore, l’activité physique et musculaire régulière apporte toujours de grands bienfaits.
Merci de clarifier des sujets qui étaient confus, et vos mises en garde contre les conséquences de besoins de s’aventurer vers l’inconnu
Avec plaisir. Si ce but est atteint c’est parfait. Soyez en forme
Bonjour,
Que pensez des compléments alimentaires comme le tongkat ali https://nutriforce.fr/product/tongkat-ali/
J’ai trouvé beaucoup d’études qui montrent qu’il permet de réduire ls oestrogènes efficacement.
bonjour. Le tongkat ali augmenterait, d’après les études, les taux sanguins de testostérone mais il a la particularité de réduire sa transformation en oestrogènes (effets anti-aromatase, comme l’ortie), alors que d’autres (comme le tribulus) augmentent simplement les taux de testostérone. Bravo pour vos recherches.
Bonjour docteur comment agir sur les oestrogènes pour diminuer le grossissement de la prostate ?
Les oestrogènes sont métabolisés naturellement par le foie qui les élimine, à condition qu’il fonctionne bien donc avoir un foie en bon état.
En dehors de cela, il faut surtout essayer de réduire la production des oestrogènes comme c’est expliqué dans la deuxième partie de l’article.
Pour la prostate en particulier, certains soutiennent que les bioflavonoides de l’écorce de citron, plus le zinc et le complexe vitaminique C qu’il contient, agissent bien sur l’hypertrophie de la prostate. Cela parait cohérent. De plus, il y a des études qui montrent que ces bioflavonoides de l’écorce de citron ont des effets protecteurs du cancer (dont la prostate). Portez vous bien.
Merci docteur !
« In medio veritas » en effet.
Bien à vous,
Hugues
Merci pour cette réponse.
Bonne journée,
Georges
Bonjour,
Si je vous suis bien, vous conseillez de consommer des produits à base d’avoine pour maintenir le taux de testostérone, alors que l’avoine est riche en oestrogènes. Quid ?
Effectivement, c’est un peu complexe mais pas tant que ça. L’avoine est utilisée en phytothérapie et médecines traditionnelles depuis longtemps contre la fatigue et le manque de libido. Les études scientifiques modernes ont confirmé l’intérêt de l’avoine qui contient de l’avénacoside permettant d’augmenter la fraction de testostérone active (libre) dans le sang, et aussi de la vitamine D et du zinc, utiles pour la synthèse de la testostérone.
Il y a aussi des phytoestrogènes dans l’avoine (comme dans beaucoup de végétaux) mais beaucoup moins que dans des aliments comme le soja ou le lin. Au final, son effet est testostéronique.
Ceci dit, il ne faut pas la voir comme une panacée mais elle entre bien dans les approches globales visant à améliorer le statut hormonal en testostérone, avec les autres conseils donnés dans l’article. Merci pour votre saine curiosité.
Bonjour Docteur,
je m’intéresse aux bienfaits des graines de lin. Son effet sur la 5-alpha-réductase et la présence de phyto-oestrogène me perturbe. Sont-elles vraiment conseillées pour l’homme de 49 ans que je suis ?
Merci pour votre réponse.
Bien à vous,
Hugues
Très bonne remarque. Les lignanes contenues en grande quantité par les graines de lin (et d’autres) ont, en effet, deux actions sur les hormones sexuelles :
1. inhibition de la 5-alpharéductase (donc bon contre la séborrhée, l’hypertrophie prostatique, la chute de cheveux…)
2. régulation phyto-oestrogénique par une action sur les récepteurs à oestrogènes. Cependant, il semble que ces lignanes régulent, c’est à dire qu’elles augmenteraient l’effet des oestrogènes lorsqu’ils manquent, et limiteraient leur effet s’ils sont en excès.
De plus, les graines de lin réduiraient le risque de cancer de la prostate selon des études.
Ainsi, l’effet sur l’homme mûr serait généralement positif.
En pratique, je dirais (mais ce n’est qu’un avis personnel) qu’après la cinquantaine, les graines de lin peuvent être bienvenues pour empêcher la dégradation de testostérone en DHT (perte de cheveux, adénome prostatique…) mais moins en cas de terrain franchement oestrogénique (obésité gynoïde, prise de poitrîne…), par précaution.
Il faut aussi considérer l’apport d’oméga 3 qu’elles représentent et leur action sur le transit intestinal.
Enfin, il faut éviter de tomber dans l’excès, comme pour tout. In medio veritas.
bonjour, que penser vous de la théorie qui dit qu’il est bon de se masser avec un glaçon sur le périnée, le soir avant d’aller dormir histoire de créer une coagulation sanguine que le corps va faire régier en dilatant les veines et booster son anti-coagulation et production de testostérone par les testicules au matin ?
Le refroidissement des testicules n’induit vraisemblablement pas une coagulation dans les vaisseaux (et heureusement car ça serait grave). Ceci dit, il est vrai qu’après une exposition au froid, il y a une dilatation des vaisseaux consécutives pendant un certain temps qui augmente la circulation sanguine locale. Celle-ci favorise t’elle le fonctionnement des testicules et leur production de testostérone ? Difficile à dire mais pas impossible. Il faudrait faire des études en dosant les hormones pour le savoir.
Moi je prends des antidépresseurs. Est-ce que ces médicaments ont des effets sur la diminution de la virilité chez l’homme? Car tous les changements dont vous parlez dans le document se sont manifestés chez moi. Ensuite est-ce que cela à des répercutions sur les comportements sexuels chez l’homme?
Oui, il est dit ici que les antidépresseurs sont des perturbateurs hormonaux. De plus, s’ils augmentent la sérotonine (ce qui est le cas pour la plupart) ils diminuent la libido et la performance sexuelle
Bonjour Docteur je prends des fois de l’oméprazole et mon pharmacien m’a dit que l’on perd du muscle et des forces »alors je prends moins ‘,’mais des fois j’ai des brûlures
Mais que pensez vous de la chrysine.
oui très bien, c’est le principe actif contenu dans la passiflore qui est indiquée plus haut. Notez que d’après les études, elle est mieux absorbée lorsqu’elle est associée à la pipérine du poivre.
Dans le but de diminuer le taux d’œstrogène, doit-on éliminer les aliments contenants des phyto-oestrogènes ?
(Ce qui est le cas notamment de l’avoine il me semble).
Cordialement.
Merci infiniment pour la démonstration vous me donnez un trésor
les médicaments anti-aromatase sont t-ils nécessaires afin de perdre du gras, et retrouver de nouveau le meilleur niveau de testostérone ?
Les médicaments allopathiques antiaromatases sont des traitements lourds utilisés dans les cancers hormonodépendants par exemple. Ils ne sont pas adaptés ici. En revanche les plantes ayant une action dans ce sens comme ortie, passiflore et poivre, etc… peuvent être utilisées sans effets indésirables.