soin du corps detox ayurveda

La détoxication est primordiale en médecine ayurvédique pour chasser « ama », la « masse toxique » du corps, à l’origine des maladies.
Loin d’un effet de mode, les techniques d’élimination de toxines y sont très employées pour soigner mais aussi en prévention, pour améliorer la longévité.

Article mis à jour le 30/05/2024

Pour l’Ayurvéda, l’encrassement toxinique (largement décrit par le Pr Jean Seignalet) est appelé excès d’ama, soit, une trop grande accumulation (et production) de déchets dans le corps qui vont encombrer ses canaux de circulation. Ama est la source principale des maladies. Il empêche également la bonne absorption des nutriments.

Ama : quand notre organisme s’encrasse

Notre corps est un lieu de combustion permanente

Un corps et un esprit en santé dépendent de l’équilibre entre ce que nous assimilons de notre environnement, de sa transformation en énergie et de la bonne élimination des déchets qui en résultent. C’est un peu comme un poêle que l’on alimente en combustible, qui produit de la chaleur, puis quelques cendres. S’il est mal réglé, il chauffe mal. De la suie et des cendres l’encrassent et s’agglomèrent à l’intérieur, comme les toxines dans notre corps.

Ama : les toxines selon l’ayurvéda

Pour la médecine ayurvédique, la transformation de toute nourriture (les aliments comme les émotions) est régie par agni, notre « feu digestif », ce qui donne naissance à l’énergie vitale (ojas) qui parcours notre corps, et nous maintient en forme. Si ce feu digestif est dépassé ou affaibli, la digestion produit trop de déchets qui ont du mal à s’éliminer. C’est « ama« , qui va progressivement encombrer notre corps, perturber la circulation de l’énergie et être à l’origine de l‘apparition des maladies. Ama pourrait correspondre à notre vision occidentale des toxines.

La vision scientifique moderne

Pour les scientifiques d’aujourd’hui, la production d’énergie se fait dans les mitochondries de nos cellules (nos petites « centrales énergétiques ») sous forme d’ATP, par la combustion de nutriments et d’oxygène. Quant aux fameuses toxines encrassant l’organisme, elles ont été identifiées. Par exemple : des endotoxines bactériennes ou des particules alimentaires insuffisamment digérées qui passent à travers la muqueuse intestinale, des produits de la glycation ou de l’oxydation, des excès de production métabolique de déchets acides, une production de protéines anormales et inutiles, etc… sans parler des polluants et autres exotoxines provenant directement de l’environnement.

Comment repérer un excès d’ama ?

Lorsque ama est produit en surabondance, et qu’il ne peut être éliminé assez vite par nos organes émonctoires (foie, rein, colon, peau, poumons), il finit par se déposer dans nos tissus (et dans nos cellules). Il peut alors perturber le bon fonctionnement des organes et des glandes hormonales. La circulation sanguine et lymphatique se fait mal, les tissus et les cellules fonctionnent au ralenti, l’énergie circule mal dans le corps… La maladie s’installe.

Hélas, notre alimentation moderne, les repas pris trop rapidement et le stress permanent ont tendance à produire ama en trop grande quantité. Utiliser régulièrement des soins de détox semble donc bien légitime.

Ama en excès peut entraîner des symptômes très différents mais voici quelques signes fréquents :

  • langue chargée
  • teint brouillé
  • selles mal formées, irrégulières
  • maux de têtes fréquents
  • fatigue dès le matin
  • mauvaise haleine et mauvaises odeurs corporelles
  • troubles de l’appétit et une digestion lente
  • douleurs diffuses dans les articulations, les muscles ou les tendons…

Eliminer ama et les toxines selon l’ayurvéda

Avec de tels principes, il est logique que la médecine ayurvédique ait été largement un précurseur de la détox, très en vogue aujourd’hui. De tout temps, elle a mis ses techniques de détoxication en avant pour éviter l’installation des maladies et conserver la santé. Il s’agit de choix alimentaires, de plantes stimulant des organes d’élimination, de purges, de sudation, de jeûnes, de lavements du colon, etc…

En particulier, l’ayurvéda décrit une cure de détoxication qu’elle appelle Panchakarma (voir plus bas) qu’elle emploie soit pour soigner les maladies, soit en cure de revitalisation ou de « rajeunissement ».

L’alimentation et ama

Certains aliments sont décrits comme augmentant volontiers ama. Il s’agit des aliments ayant perdu leur vitalité : conservés trop longtemps, trop froids, refroidis puis réchauffés, des aliments industriels en général, des aliments lourds, gras, sucrés, farineux, de l’alcool…

En général, les aliments faciles à digérer vont aider à réduire ama : légumes crus ou cuits à basse température, fruits frais pas trop sucrés, lentilles corail, riz complet ou semi-complet, sarrasin…

Bien entendu, le jeûne est un puissant moyen de détoxication pour éliminer ama, surtout s’il dure plusieurs jours. L’ayurvéda préconise des périodes de jeûne courtes pour les sujets Vata, moyennes pour les sujets Pitta et plus longues pour les sujets Kapha. Il peut aussi être fait avec la prise d’infusions ou de jus végétaux pour les sujets plus fragiles ou ayant trop d’appréhension. Il est par contre déconseillé chez les personnes très affaiblies, très maigres ou déficientes.

Un jeûne bien conduit relance aussi le feu digestif. Il doit laisser une langue propre, de bonnes odeurs corporelles, un retour de la sensation naturelle de faim, un sentiment de clarté d’esprit, et faire disparaître la sensation de fatigue permanente.

On « brûle » ama avec les épices piquantes comme le gingembre, le piment, le poivre, la moutarde, l’asa foetida… Un remède fameux en médecine ayurvédique est Trikatu, un mélange de poivre, piment et gingembre, 3 goûts piquants pour combattre ama.

De façon indirecte, on réduit aussi ama en augmentant le feu digestif (agni) avec des épices digestives comme la coriandre, la cardamome, le cumin, le romarin, le basilic…

En fait, au niveau des goûts ou saveurs :

  • le sucré (doux) aura tendance à favoriser ama,
  • l’acide et le salé l’entretiennent,
  • l’amer et l’astringent le diminuent (par exemple : endive, épinard, pamplemousse, choux, artichaut…),
  • le piquant l’élimine.

Ainsi, on peut déjà utiliser ces principes pour se détoxifier. Retenons aussi que ama est principalement lié au dosha Kapha (terre et eau). Ainsi les personnes de constitution « Kapha » auront plus tendance à accumuler les toxines que les autres. A l’inverse, les personnes « Pitta » (élément feu) seront mieux protégées, par nature, de l’encrassement toxinique, grâce à un feu digestif plus fort (voir doshas et constitutions).

Les plantes médicinales réduisant ama

Les plantes utilisées couramment en ayurvéda pour détoxifier activent en général la production de bile et de sucs digestifs, le transit intestinal, et stimulent les organes d’élimination. Il s’agit de plantes amères et astringentes comme la gentiane, le chardon marie, l’aloe vera, le desmodium, la casse, le curcuma…

Les plantes amères sont particulièrement intéressantes en cas de fermentations digestives (gaz et ballonnements) et d’inflammations du tube digestif (comme gastrite, colite…).

Un remède indien très employé est Triphala, un mélange de 3 fruits riches en antioxydants : amalaki, bibhitaki et haritaki qui agissent sur les 3 doshas, et drainent l’intestin en douceur, sans effet secondaire.

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Panchakarma : la cure pour détoxiquer et revitaliser

La détoxication, actuellement très en vogue, est un des piliers thérapeutiques de la médecine ayurvédique depuis des millénaires. L’ayurvéda utilise en particulier « Panchakarma » (littéralement : les 5 éliminations) pour repousser la maladie ou améliorer la longévité.

Il s’agit de régénérer le corps en le nettoyant de sa masse toxinique, puis de le revitaliser en lui apportant une nourriture adaptée à sa constitution, des fortifiants et des remèdes naturels spécifiques. L’Ayurveda dit qu’on s’attaque ainsi aux causes profondes des troubles de santé.

Globalement, il s’agit de mobiliser les toxines depuis les cellules et les tissus vers le sang, puis d’aider à leur élimination par les organes d’élimination. On peut ainsi considérer 3 phases dans ces cures détoxicantes et régénérantes :

  1. la préparation
  2. la phase d’élimination
  3. la phase de régénération.

Préparation au Panchakarma

Les indiens l’appellent la phase « mécontente ». En effet, elle est restrictive et commence par une diète (voire un jeûne), de l’exercice physique et des apports d’huiles végétales (oléation). Les indiens utilisent classiquement le kitchari, un mélange de riz/lentilles jaunes, et d’épices, facile à digérer, en quantités modérées. L’équivalent occidental moderne serait un peu notre régime détox hypotoxique.

L’apport élevé de matières grasses (huiles végétales par la bouche et en massages) est censé pénétrer au plus profond des tissus, y capter les toxines puis les emmener vers les intestins pour être évacuées. Il est un fait que beaucoup de toxines (et notamment, la plupart des polluants), sont plus solubles dans les graisses que dans l’eau (liposolubles). Dans la tradition, on utilisait ainsi, sans les connaître, les oméga 3 contenus dans ces huiles qui améliorent les échanges cellulaires en redonnant de la souplesse aux membranes de nos cellules.

Des règles d’hygiène de vie saine sont appliquées également pendant la détox Panchakarma (exercice modéré, respirations contrôlées, méditation, repos).

Des séances de massage et de sudation vont favoriser la mobilisation des toxines déposées dans les tissus vers la circulation sanguine. Puis, le foie qui filtre le sang en permanence, va diriger, via la bile, les déchets liposolubles vers l’intestin, qui les éliminera au final. En même temps, les reins vont évacuer les toxines hydrosolubles (solubles dans l’eau) par les urines.

La phase des éliminations

A ce stade, il est temps de guider ama vers la sortie (ou plutôt LES sorties) en stimulant les organes d’élimination. Les cinq techniques spécifiques de détoxication sont alors utilisées pour purifier le corps de ses toxines. Elles sont choisies et appliquées selon chaque individu. Elles sont détaillées ci-dessous.

La phase de régénération

Les indiens l’appellent la phase « contente » de tonification, et y utilisent leurs fameux rasayanas (ce qui signifie : remèdes de longue vie). Il s’agit de mélanges de plantes très riches en micronutriments, antioxydants, adaptogènes, voire stimulants hormonaux ou autres… Il est alors recommandé une alimentation adaptée à sa constitution ou typologie ayurvédique, du repos encore pendant quelques temps, et du yoga.

Ainsi, après une cure qui aura duré 2 à 3 semaines, on pourra retrouver un meilleur niveau d’énergie vitale (« ojas »), avec une meilleure forme physique et mentale, une bonne immunité et un corps radieux…

Les 5 éliminations du Panchakarma

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1. Nasya : irrigations des sinus et fosses nasales

Elles se font en introduisant des huiles médicinales ou des décoctions de plantes dans le nez, évacuées ensuite en se mouchant. Elles visent à éliminer les doshas en excès au niveau de la tête. Les naturopathes savent bien que les fosses nasales et les sinus sont tapissés de muqueuse respiratoire qui produit du mucus en excès, dans une tentative d’élimination de certaines toxines (dites « colloïdes »), lorsqu’elles s’accumulent dans le corps.

2. Vamana : l’élimination de Kapha  par vomitifs

Des plantes émétiques sont absorbées et déclenchent ensuite un vomissement. Il s’agit là d’évacuer le dosha Kapha en excès dans l’estomac.

3. Vireshana : la purge digestive par les plantes

Des plantes laxatives, généralement des draineurs du foie et de la vésicule, sont administrées. Il s’agit de nettoyer l’intestin grêle, le foie et les voies biliaires. De nombreuses plantes utilisées dans l’ayurvéda sont également retrouvées dans la phytothérapie moderne et ses plantes drainantes.

4. Basti : irrigation du colon

Ce sont des lavements avec des décoctions de plantes pour nettoyer le colon de l’excès du dosha Vata. Notez que ces lavements sont employés dans la plupart des médecines traditionnelles et en naturopathie.

5. Rakthamokshana : purification du sang

Les indiens pratiquaient traditionnellement des saignées ou des applications de sangsues pour purifier le sang de certains toxiques. Aujourd’hui, les saignées ne sont plus guère à la mode mais les sangsues sont à nouveau employées, études à l’appui, dans certains services hospitaliers occidentaux.

Panchakarma, détox et médecine intégrale anti-âge

Les explications données ici sont celles de la médecine ayurvédique mais on s’aperçoit qu’elles correspondent en fait à des schémas physiologiques et thérapeutiques connus aujourd’hui en médecine moderne occidentale.

La science confirme la tradition

Une fois de plus, ces pratiques millénaires orientales, qui sont toujours utilisées, se voient confirmées aujourd’hui par les scientifiques. Les plantes ayurvédiques de la détox sont maintenant bien connues pour leurs principes actifs. Les effets de la restriction calorique et du jeûne ne sont plus à démontrer.

Il est aussi possible que ces techniques de panchakarma mettent en oeuvre (pendant la phase d’élimination) le processus d’autophagie, découvert récemment, qui crée une véritable régénération des cellules, et améliore l’élimination des déchets toxiques qu’elles peuvent contenir.

Le savoir ayurvédique adapté à l’occident

Ces méthodes d’élimination peuvent s’adapter à la détoxication moderne occidentale. Par exemple :

  • les irrigations des sinus et du colon peuvent se faire aujourd’hui avec des appareils spécifiques (aspirateurs de mucosités, appareils d’hydrothérapie du colon…) mais les accessoires traditionnels marchent bien aussi,
  • de la même façon, les méthodes de « déchélation sanguine » (capter puis éliminer les polluants et métaux lourds du sang grâce à l’injection de produits chélateurs) peuvent correspondre à une version moderne de la purification sanguine ayurvédique,
  • la détoxication hépatique et ses différentes phases étant aujourd’hui bien connues des biologistes et biochimistes, les plantes et apports de nutriments utilisés avec la « purgation » peuvent être plus ciblés pour soutenir précisément ce travail du foie, etc…

En occident, ces soins sont généralement peu utilisés par les médecins, et un peu plus par les naturopathes. En fait, ils permettent d’aller beaucoup plus loin dans la détoxication grâce à l’emploi de techniques physiques et de leurs associations. Il s’avère que ces techniques trouvent aujourd’hui des explications scientifiques à leur utilisation traditionnelle.

Notez que pour une détoxication en profondeur, avec un ensemble de soins ou des périodes de jeûne, il est hautement préférable de se faire accompagner par un thérapeute compétent.

Voyez notre guide pratique de détoxication qui vous explique comment procéder dans une approche naturelle et intégrale, tout en reposant sur des bases scientifiques.

FRAWLEY David et LAD Vincent La santé par l’Ayurveda, Ed. TURIYA

FRAWLEY David Ayurvedic healing, a comprehensive guide, Ed. Lotus press

MIRZA Anwar, Les secrets de longévité de l’Inde expliqués aux européens