En prenant de l’âge, on trouve normal de voir diminuer ses capacités mentales, intellectuelles et de mémoire. Ceci n’est pourtant pas obligatoire, les neurosciences nous ont appris que le cerveau a bien des capacités pour résister au vieillissement.
Perdons-nous nos neurones avec le temps ?
Les signes de diminution des fonctions cérébrales sont généralement plus marqués après 65 ans mais des pertes de mémoire ou des difficultés de concentration peuvent apparaitre plus tôt, dès la quarantaine (50% des cinquantenaires se plaindraient de troubles de la mémoire par exemple). On a longtemps cru que tout cela était lié à la perte constante de neurones qui se faisait au fil du temps. En fait, en vieillissant, ce sont plutôt les connexions entre nos neurones qui peuvent diminuer et cela est dépendant, en grande partie, de notre mode de vie.
Ensuite, il y a aussi de nombreuses autres causes de défaillance des facultés mentales qui ne sont pas directement liées à l’âge (toxiques, carences nutritionnelles, modifications hormonales…). A ne pas confondre donc…
D’un autre côté, il existe la vraie dégénérescence cérébrale avec des neurones qui meurent progressivement. Il s’agit par exemple de la maladie de Parkinson ou d’Alzheimer… Ces maladies sont plus fréquentes avec l’âge, bien sûr, mais le vieillissement ne débouche heureusement pas toujours sur cette dégénérescence. Loin de là.
Certains ont l’esprit vif à 80 ans comme à 20 ans. De plus, les récentes études en neuroscience ont montré qu’à tout âge, le cerveau est capable de récupérer ou créer de nouvelles connexions et fonctions. Même si nos facultés d’apprentissage sont moins performantes avec l’âge, la perte de performance intellectuelle est très variable selon les individus et n’est pas du tout obligatoire. Par exemple, le vocabulaire continue d’augmenter tout au long de la vie.
Alors, autant essayer de faire partie de ceux-là.
Un cerveau plus lent mais toujours performant
Le vieillissement normal du cerveau
Comme le reste du corps, le cerveau n’est pas épargné par les effets du temps. L’oxydation, la glycation, l’inflammation, les baisses hormonales, la microcirculation sanguine moins performante… tous ces phénomènes liés au vieillissement viennent agresser nos neurones.
La vitesse de conduction nerveuse diminue. Ainsi, les informations sont traitées moins vite et les fonctions motrices sont ralenties. Les réactions et les réflexes deviennent moins vifs.
De même, les fonctions cognitives peuvent s’altérer avec des capacités de concentration moins bonnes, une mémoire ou un intellect parfois défaillant, etc… Les mécanismes d’enregistrement et de récupération des informations sont moins pertinents.
Des plaques séniles (amyloïdes) apparaissent progressivement dans le cerveau un peu comme les taches brunes sur les mains. Au delà d’un certain seuil? cela peut devenir pathologique et favoriser la dégénérescence des neurones.
La dégradation des fibres nerveuses apparait aussi avec l’âge, au même titre que celle de la matière grise corticale (qui contient les corps des neurones). En même temps, le niveau de certains neuromédiateurs comme la dopamine peut baisser dans le cerveau.
D’après les neurosciences, il n’y a pas vraiment de raison pour que les capacités de notre cerveau s’altèrent en vieillissant.
Les structures cérébrales supportant les fonctions de mémoire, d’attention et de cognition sont les plus fragiles face aux processus du vieillissement.
Tous ces phénomènes semblent plus marqués lorsque la circulation sanguine, et donc l’oxygénation du cerveau, diminuent. Ils sont variables d’une personne à l’autre, gênants mais pas invalidants.
Le vieillissement pathologique
La démence sénile (type Alzheimer et autres formes) peut se manifester chez certains individus, principalement après l’âge de 75-80 ans. C’est une maladie. Le problème, c’est qu’elle augmente de façon inquiétante. Les statistiques varient selon les sources (20% des plus de 80 ans en Europe pour les uns, 45% pour d’autres) mais il semble évident que chacun en voit de plus en plus dans son entourage.
Il s’agit ici de maladies liées au vieillissement et réellement neurodégénératives (avec perte de neurones). Il en existe d’autres comme la maladie de Parkinson.
Elles peuvent être vues comme un dépassement des capacités d’adaptation du cerveau à son environnement.
Elles sont toutes en augmentation. D’après les institutions de santé, ceci serait dû au seul fait que les gens vivent plus longtemps qu’avant. Selon d’autres scientifiques, notre mode de vie, notre alimentation, la pollution, voire certains médicaments, pourraient bien y être pour quelque chose.
Contrairement à ce que l’on a longtemps cru, on sait depuis ces dernières décennies que le nombre de neurones ne diminue en fait que très peu dans le vieillissement normal. Ce sont plutôt les connexions entre neurones qui deviennent moins nombreuses chez la plupart d’entre nous.
Ce réseau inter-neuronal devient moins dense et la partie corticale du cerveau (cortex) perdrait 1% de sa masse chaque année, après 70 ans. Néanmoins, une étude de David Ziegler en 2008 (*), montre que l’épaisseur de la matière grise du cortex n’est pas liée aux performances lors de tests cognitifs.
En conclusion, il semble que les neurones soient soumis aux mêmes règles de vieillissement que les autres cellules du corps avec des conséquences liées à un moins bon traitement de l’information et moins rapide. On en sait pas beaucoup plus. Il faut surtout faire la différence entre vieillissement normal et pathologique du cerveau. Les démences séniles, le Parkinson les attaques cérébrales et autres… font, bien sûr, partie du second cas.
Comment garder un cerveau performant ?
Les neuro-scientifiques ont observé que :
- le cerveau est doté de « plasticité » : il est capable de réorganiser ses connexions à tout âge en cas de problème
- l’entraînement et l’apprentissage moteur peuvent améliorer le réseau des neurones à tout âge
- le langage, le raisonnement arithmétique sont des fonctions qui ne changent pas malgré l’âge.
Evitez les facteurs de risque
Des éléments favorisants ont été étudiés et reconnus au moins comme probables. Autant donc éviter :
- les toxiques comme l’aluminium, l’alcool, le tabac…
- l’oxydation et la production de radicaux libres car les cellules du cerveau y sont très sensibles (augmentez les apports d’antioxydants)
- l’excès de graisses dans le sang et l’hypertension artérielle
- les médicaments neurotropes si leur besoin n’est pas absolu (anxiolytiques, anti-dépresseurs, somnifères…). Des études ont montré l’impact de ces médicaments sur les risques de démence sénile surtout s’ils contiennent des anticholinergiques (*)
- le diabète, l’obésité (vérifiez votre poids ici) qui augmentent le risque d’hypertension et l’inflammation chronique en général, le cerveau y est sensible.
Jouez sur la prévention, protégez vos neurones
Mangez sainement
Evitez l’excès de graisses saturées et surtout les graisses « trans », au profit d’un apport accru en oméga 3, protecteurs des neurones. Ne salez pas beaucoup pour limiter les risques d’hypertension (voir notre guide d’alimentation saine).
Les aliments suivants seraient également préventifs :
- les baies (par leur pouvoir antioxydant élevé)
- le café : c’est un antioxydant. Après avoir été considéré comme une boisson malsaine, le café a été réhabilité dans les études récentes. La caféine limite la mort des neurones et diminuerait les risques de diabète, d’hypertension et de dégénérescences cérébrales (Parkinson et démences). A considérer avec du recul tout de même car tout le monde ne réagit pas bien au café et attention aux doses.
- la vitamine B12 : son absorption diminue en vieillissant. Un cerveau manquant de B12 peut voir la myéline de ses neurones se détériorer (*). Ceci est aggravé par un manque de vitamines B en général.
- le curry : Alzheimer est moins présent en Inde. Une étude montre de meilleurs tests de cognition chez les indiens âgés mangeant du curry. La curcumine du curcuma qu’il contient protègerait du déclin de la mémoire. Elle bloquerait la formation des plaques amyloïdes de la maladie d’Alzheimer. Elle réduit aussi l’inflammation et peut aider à régénérer les neurones.
- le thé vert : ses feuilles contiennent des catéchines antioxydantes capables de passer au travers de la barrière méningée pour aller dans le cerveau et protectrices des neurones (notamment les neurones à dopamine atteints dans le Parkinson).
- le vinaigre : plusieurs études ont montré des effets positifs sur les performances cognitives, la démence chez le rat, la mémoire, les niveaux de sucre sanguin, le diabète et la prise de poids.
- le chocolat (voir plus bas)
Apprenez et soyez curieux de tout
Plus l’on a appris et accumulé de connaissances et plus le cerveau utilisera ces données pour compenser de moins bonnes connexions neuronales ou une mémoire moins performante. Apprenez des langues, des nouveaux jeux, les sciences, la musique, la cuisine saine, etc… ce ne sont pas les sujets qui manquent.
Faites de l’exercice régulièrement
Même modéré, l’exercice régulier conserve les muscles (2 heures par semaine environ) et entretient une bonne circulation sanguine du cerveau qui doit être maintenue au mieux pour qu’il fonctionne bien pour longtemps.
Ayez beaucoup de relations avec les autres
Il a été montré que plus de relations sociales diminuaient les risques de dégénérescence neurologique. Sortez, rencontrez du monde, parlez aux gens.
Pensez à votre terrain hormonal
Des baisses brutales en hormones sexuelles peuvent favoriser les phénomènes de dégénérescence neuronale (en particulier les oestrogènes chez la femme). Voir : hormones et vieillissement
Cultivez le bonheur et la sérénité
Récemment, il a été découvert que la production d’anandamide (un neurotransmetteur appelé aussi hormone de la félicité et qui donne la sensation de bien-être) peut aider à améliorer et maintenir la mémoire malgré l’âge. Elle peut également rendre notre pensée plus rapide et améliorer notre dynamisme. Cette hormone est stimulée par l’activité physique, l’usage de nos capacités performantes, la reconnaissance positive de ce que la vie nous a donné, le cacao, le thé, la méditation…
La méditation pourrait également permettre de retarder les effets du vieillissement sur notre cerveau, comme le montre une étude du UCLA Brain Mapping Center (*).
Ceci étant, il sera sage d’adopter un mode de vie plus stable et tranquille. Notre cerveau nous en sera reconnaissant en prenant de l’âge, tout comme on s’oriente vers des activités physiques moins extrêmes et plus « pépère ». Il y a un temps pour tout… le tout est d’être bien dans son temps.
excellent site.merci infiniment.
Vraiment un bon tour d’horizon! Merci!
Tiens! Je vais me fabriquer de l’anandamine tout de suite!
très bon texte, merci. et surtout ça donne de l’espoir !