On vous présente LE régime de longue vie ou de super-forme ? En fait, cela n’existe pas. Certes, il y a des grands principes de base mais « manger bien » c’est manger juste, c’est-à-dire ce qui est juste pour votre corps, pour VOUS. A vous donc de chercher un peu, et avec notre aide, de trouver…
Nous sommes de plus en plus nombreux à nous intéresser à ce que nous mangeons, pour en retirer la meilleure santé possible. Des problèmes et des incompréhensions se présentent quand on remarque que selon les auteurs, voire selon les scientifiques, les recommandations divergent. Essayons de simplifier les choses et d’y voir plus clair, avec un peu de bon-sens.
Des régimes de longévité… et des modes
Régime crétois, okinawaien, méditerranéen, cétogène, paléolithique, végan, crudivore, low-carbs, sans gluten, frugivorien, végétarien, pescétarien, SCD (glucides spécifiques), etc… sont souvent présentés comme LE bon régime pour être en forme et le rester longtemps. Ils entraînent plus ou moins des effets de mode. Ils ont des points communs mais ils ne peuvent pas convenir à tout le monde. Nous ne vivons pas dans les mêmes lieux, les mêmes environnements. Nous ne fonctionnons pas tous pareil, c’est une évidence.
Ces régimes peuvent avoir des effets remarquables sur certaines personnes pour diverses raisons :
- Ils permettent généralement à ceux qui les adoptent de rompre avec l’alimentation moderne occidentale malsaine et ses « junk foods » (sucreries, graisses « trans », sodas, produits trop raffinés plats tout préparés…), et de réduire les produits transformés issus de l’industrie agro-alimentaire et chargés de produits plus ou moins toxiques.
- Ils sont souvent accompagnés des changements en parallèle, allant vers une meilleure hygiène de vie et des aliments de meilleure qualité. En effet, ceux qui décident de changer leur mode alimentaire sont souvent dans une démarche de prise en charge de leur santé, et cherchent généralement à améliorer leur mode de vie.
- Ils entraînent fréquemment une réduction globale des apports caloriques. Ainsi, une alimentation plus légère est plus digeste et plus saine.
Néanmoins, à plus long terme, ils peuvent parfois mener à des états de forme et de santé médiocres s’ils ne sont pas adaptés à la personne.
Il faut situer les régimes plus spécifiques comme le cétogène, le SCD, le Fodmap… plutôt comme des diètes temporaires dans le cadre du traitement de certains troubles de santé, ou bien pour des personnes ayant une génétique et une activité particulières.
Les bases universelles (ou presque) d’une bonne alimentation
Il y a un grand intérêt à comparer les alimentations des contrées où les centenaires sont nombreux (les fameuses zones bleues) et les régimes présentés par leurs adeptes comme la voie à suivre pour une santé épanouie. On peut ainsi y discerner des points communs, représentant les bases d’une alimentation saine. Les voici :
- alimentation légère et sans excès. Ceci voudrait dire que notre alimentation occidentale moderne est trop riche et trop importante dans ses quantités,
- une large part de végétaux,
- moins de céréales et de leurs dérivés,
- des produits peu ou pas transformés, locaux et de saison,
- des produits fermentés,
- et bien entendu, moins de sucres…
Il est clair que pour beaucoup de nos concitoyens, manger selon ces principes va déjà apporter une grande amélioration. Il s’agit de principes généraux que vous retrouverez plus en détails dans cet article : l’alimentation saine.
Entre parenthèses, il ne faut pas penser que la longue vie observée dans les zones bleues soit due uniquement à l’alimentation. Leurs habitants ont des vies tranquilles, proches de la nature, restent actifs et utiles très longtemps, ont de bons rapports sociaux, et sont enclins à l’entraide.
Manger selon sa constitution (ou ses gènes) pour être en forme
Si l’on considère d’un côté les médecines traditionnelles et de l’autre les dernières découvertes scientifiques, on peut, comme souvent, y retrouver les mêmes éléments.
La notion de constitution des individus est inscrite dans les médecines très anciennes comme la médecine ayurvédique ou chinoise, et aussi en naturopathie, homéopathie… Les aliments y sont recommandés ou déconseillés pour chaque personne selon qu’ils favorisent l’équilibre ou apportent le déséquilibre de la santé.
La constitution d’une personne est retrouvée dans ses traits physiques, son caractère, ses aptitudes ou ses points faibles, son mode de fonctionnement. C’est ce qu’elle est à la base, depuis sa naissance, et ce qu’elle sera toujours. On peut l’assimiler à sa génétique, bien sûr.
Aujourd’hui, la science nous a confirmé, par exemple, que des gènes spécifiques vont permettre à certains de digérer le lactose mais pas à d’autres. Idem pour les métabolismes des sucres ou des graisses saturées qui présentent de grandes variations d’un type génétique à l’autre, avec aussi des risques différents de maladies liées au vieillissement.
Il est possible (mais pas toujours facile) de faire des examens génétiques, et d’adapter son alimentation en fonction des résultats. Ainsi, on évitera les produits laitiers si l’on n’a pas le gène de la digestion du lactose, par exemple. D’autres gènes comme apoE ou AMY1a sont intéressants aussi concernant la tolérance du corps vis-à-vis des graisses saturées et des glucides.
Sur ce sujet, la médecine ayurvédique est très claire : elle classe les personnes selon leur constitution, et propose un choix d’aliments en conséquence. Elle décrit des propriétés en fonction du caractère des aliments, et en particulier de leur goût, qui viennent équilibrer ou pas la constitution de chacun. C’est donc assez facile à comprendre et à suivre (sans en faire une obsession tout de même). En pratique, ceux qui respectent ces principes s’en ressentent, la plupart du temps, beaucoup mieux.
Un exemple tout simple : les personnes de constitution anabolique (terre et eau en ayurvéda) ont tendance à l’embonpoint. Les aliments lourds, denses, et doux (sucrés) sont à éviter car ils accentuent cette tendance. Les aliments légers, amers et acides sont à favoriser car ils l’inversent.
Voyez ici comment évaluer votre constitution puis vous trouverez quelques principes généraux résumés ci-dessous. Notez que la préparation des aliments est importante, comme la façon de les cuisiner et de les associer.
Constitution catabolique (Vata pour l’ayurvéda)
Les épices comme basilic, coriandre, poivre, gingembre, cannelle… peuvent rendre les aliments plus digestes pour les personnes cataboliques.
Les aliments secs, froids, durs et légers seront généralement déconseillés alors que le caractère lourd et dense des aliments est favorable.
La saveur douce (sucrée) est bonne pour les cataboliques avec modération (pas de sucres raffinés à outrance évidemment), les saveurs salées et acides aussi.
Les légumes sont bons pour Vata mais il faudra modérer les crudités et les salades vertes. Les choux peuvent provoquer des flatulences ici.
Les fruits, les noix, graines et oléagineux, la plupart des céréales et farines complètes (sauf maïs, sarrasin et seigle), les huiles végétales… sont bénéfiques. Les produits laitiers (de qualité, bios, pas froids, ni glacés) sont assez bien supportés par les sujets cataboliques.
Les légumineuses sont moins bien digérées, et favorisent ici les flatulences.
Constitution métabolique (Pitta pour l’ayurvéda)
La cuisson douce ou vapeur, peut rendre les aliments plus digestes pour les personnes métaboliques. Des épices telles que cardamome, curcuma, romarin, coriandre… sont bienvenues.
Les aliments chauds, gras et piquants seront généralement déconseillés (fritures) alors que le caractère peu dense et frais des aliments est favorable.
Les légumes en général (un peu moins les rouges) sont bons ici, surtout verts, crus ou peu cuits. Les fruits sont très bons pour les personnes métaboliques.
Les saveurs amère, douce et astringente sont favorables à Pitta.
Il est préférable de limitez les huiles végétales sauf coco, chanvre. Le ghee est bon aussi.
Constitution anabolique (Kapha pour l’ayurvéda)
Des épices comme le poivre, le piment, le cumin, le gingembre… la cuisson, peuvent rendre les plats plus digestes pour les personnes anaboliques.
Les aliments lourds, riches en graisses et en sucres, seront généralement déconseillés (de même que les farines blanches en général), alors que le caractère léger, peu dense, épicé et chaud des aliments est favorable.
Les légumes sont bons pour Kapha, surtout chauds et préparés avec des épices. Les fruits doivent être consommés avec modération, sauf les agrumes qui sont bien tolérées.
Les céréales sont à modérer fortement (éviter les farines raffinées, blanches), elles favorisent la stagnation de la lymphe et l’encrassement des muqueuses chez les sujets anaboliques.
Les légumineuses bien préparées (trempage, cuisson) sont favorables mais les oléagineux sont lourds pour Kapha, à limiter.
Pour en savoir plus sur ces constitutions et les conseils hygièno-diététiques de chacune, voyez cet article.
Manger selon ses sensibilités
Evaluez la qualité de votre digestion des graisses et des glucides (sucres, céréales…) et trouvez la bonne mesure
Observez votre digestion. Comment vous sentez-vous après les repas riches en graisses ? De même, comment êtes-vous après un repas riche en aliments sucrés ou à index glycémique élevé ? Avez vous des ballonnements qui peuvent être une fermentation d’un excès de glucides mal digérés par exemple ?
Ensuite, faites en sorte de respecter vos sensibilités et déterminez vos quantités globales de graisses et de glucides/céréales avec lesquelles vous vous sentez bien. Il n’y a pas de règle bonne pour tout le monde, chaque personne est particulière.
En parallèle, chacun peut avoir des intolérances (ou des allergies classiques) à certains aliments. Bien entendu, il faut les respecter. Ces intolérances peuvent être génétiques (constitutionnelles) comme l’intolérance au lactose, au gluten ou l’allergie à la caséine du lait, etc… Elles peuvent aussi être acquises avec le temps, des erreurs alimentaires, une digestion qui s’affaiblit… A la différence des premières les intolérances acquises peuvent disparaître si les causes sont rectifiées, et après une période d’éviction de l’aliment de quelques mois.
Tout le monde n’est pas forcément sujet à des intolérances. Certains aliments sont plus souvent responsables d’intolérances : les céréales à gluten, les laitages, certaines noix, le blanc d’œuf, les crustacés… Voyez si certaines passent généralement mal dans vos repas. La recherche d’intolérances alimentaires peut aussi se faire sur une prise de sang (voir cet article).
Manger selon sa santé
A delà de la génétique vient l’épigénétique : nos habitudes et notre mode de vie vont faire que certains gènes s’exprimeront ou pas à travers notre corps. De même, ces habitudes, si elles sont mauvaises, peuvent progressivement dégrader notre santé, et si elles sont bonnes, l’optimiser.
En général, les gens commencent à prêter attention à leur alimentation lorsqu’ils ont des troubles de santé ou des baisses de forme. Dans ce cadre-là, certains régimes alimentaires spécifiques peuvent être intéressants pour aider à la guérison (par exemple : diète hypotoxique, régime cétogène, SCD, Fodmaps, éviction des lectines, crudivorisme, etc… Le plus souvent, ils seront utilisés pendant un temps donné, jusqu’au retour de l’équilibre de santé puis, arrêtés au profit d’une alimentation à long terme, saine et adaptée à la personne.
Le régime dit « hypotoxique » du Pr Jean Seignalet, et ses variantes, ont montré des effets très bénéfiques dans le diabète, des problèmes articulaires, des maladies auto-immunes…
En allant un peu plus loin, l’éviction des lectines, dont le gluten et l’agglutinine du blé font partie (voir cet article), est également proposée pour traiter des troubles de santé chroniques comme certains rhumatismes, des problèmes cardiovasculaires, le diabète, les maladies auto-immunes… bien qu’il y ait toujours des polémiques à ce propos, les arguments scientifiques sont intéressants, et nombreux sont les patients à relater des effets très favorables sur leur santé en limitant les lectines.
Une fois l’équilibre retrouvé, une alimentation saine viendra prendre le relais. Toutefois, certains sujets ayant une trop grande sensibilité à certains aliments riches en lectines, devront continuer à les éviter.
L’alimentation forme et longévité en pratique
- Adoptez les bases d’une alimentation saine
- Favorisez les aliments équilibrant votre constitution
- Evaluez la qualité de votre digestion des graisses et des glucides, et trouvez la bonne mesure
- Repérez vos sensibilités à certains aliments, et évitez-les (au moins pendant quelques mois).
Enfin, rappelez-vous toujours que sans une bonne digestion, même une alimentation parfaite ne réglera pas tout. Il faudra donc s’attacher à conserver (ou retrouver) une digestion efficace (voyez « si vous digérez mal, vous vieillirez mal« ).
Enfin!! Tout devient plus clair avec ce blog. j’étais complétement perdue avec tous ces regimes. J’ai compris comment je dois faire à présent. Un grand merci docteur
Article clair, simple et concis. félicitations! tout ça c’est du bon sens. Pourquoi ne lit on pas ces arguments plus souvent ?
Merci bien. Vous pouvez retrouver ces arguments utilisés de plus en plus souvent de nos jours. Après, j’en fais seulement une synthèse qui me paraît logique. Et surtout, je dois dire que j’aime bien éviter les dogmes ;-)